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FAQ

Foire aux questions
Langage ou langue des signes ? La langue des signes était-elle universelle ?

Non la Langue des Signes n’est pas universelle. On dénombrerait environ 130 langues des signes différentes. Bien qu’il existe des similitudes entre celles-ci, notamment l’iconicité, toutes les personnes sourdes du monde entier ne partagent pas la même langue ! Comme toute langue les langues des signes sont intimement liées aux cultures, environnements et territoires . Par ailleurs, la langue des signes française ici est une langue à part entière et non un  « langage » elle possède sa propre syntaxe, sa propre logique et n’est nullement une retranscription littérale du français. Les langues des signes sont des langues dites naturelles, c’est-à-dire qu’elles ont toujours existé, visibles ou non, véhiculées par les personnes sourdes au fil du temps, en parallèle et imprégnées des langues orales très largement majoritaires. Comme toute langue elle est en perpétuelle évolution et possède même des régionalismes . En France, après une histoire chaotique – la LSF a été bannie de l’enseignement des jeunes sourds pendant plus d’un siècle à la fin du 18ème siècle – la loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances reconnaît la langue des signes française comme une langue à part entière. En mars 2021, un amendement a été déposé au projet de loi constitutionnelle dans le même sens, pour la reconnaissance de la LSF comme langue à part entière.

Sourds ou sourds-muets ?

L’expression « sourd-muet » est pour ainsi dire un abus de langage. Une personne sourde n’est pas en incapacité de produire des sons. Selon son parcours de vie, les choix éducatifs, son degré de surdité ou ses motivations elle pourra utiliser le français oral ou non. Par ailleurs, le terme  » malentendant  » est parfois préféré à celui de  » sourd  » par celui qui entend, par méconnaissance ou embarras. Les personnes dites  » malentendantes  » présentent une perte d’audition légère ou sévère et s’expriment pour la plupart, mais pas que, oralement. Les personnes qui font appel aux services d’un interprète F/LSF, donc pour qui la LSF est la langue avec laquelle ils s’expriment  » naturellement « , présentent une surdité totale, profonde ou sévère, congénitale ou acquise tôt durant l’enfance, sont appareillés ou non, et préfèrent généralement le terme  » sourd « . Ce dernier balaie tout équivoque, c’est souvent aussi un choix identitaire, celui d’appartenir à la communauté des  » sourds signants « .

Dit-on traducteur ou interprète ?

L’interprétation consiste à transposer oralement un discours d’une langue à l’autre et vice-versa. Le « traducteur » travaille d’une langue écrite vers une autre langue écrite, dans le cas de la LSF, il s’agit de traduire du français écrit vers la LSF en format vidéo par exemple, ou bien de la LSF vers le français écrit.  Les traducteurs professionnels traduisent exclusivement vers leur langue maternelle dont ils connaissent tous les usages et subtilités. Le métier de traducteur sourd est en plein essor et dispose maintenant d’une formation universitaire diplômante.

 L’interprétation pratiquée est dite simultanée, car je traduis en temps réel les personnes en présence. L’interprétation  » consécutive  » n’est la plupart du temps utilisée qu’à des fins pédagogiques lors de la formation universitaire, notamment la première année, afin de ne pas céder à la tentation de la transposition  » mot à mot « , et ainsi apprendre à décoller de la structure formelle de la langue de réception pour se concentrer sur le sens du discours et l’intention du locuteur.

Combien de temps pour apprendre la LSF ?

Comme pour n’importe quelle langue, l’apprentissage sera vécu différemment d’une personne à l’autre et se fera plus rapidement si vous combinez les cours de langue et la pratique en côtoyant des sourds signants. Je vous conseille vivement d’opter pour des organismes proposant des formations en présentiel reconnues et conformes au  Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL), enseignées par des formateurs qualifiés et sourds. Les cours de LSF sont généralement dispensés sous forme de cours du soir hebdomadaires ou de stages intensifs. Au bout d’une année ou deux (!) de cours intensifs vous pouvez espérer pouvoir converser aisément avec une personne sourde, rien de tel cependant que les bains linguistiques réguliers pour intégrer toutes les subtilités de la langue: rencontres  » bar signes  » organisées par des associations de sourds, évènements culturels en LSF, festivals, etc.

Est-ce que c’est votre vrai métier ?
Maîtriser le français et la langue des signes ne suffit pas à s’improviser interprète sur le terrain. La formation d’interprète F/LSF, validée par un Master2, enseigne pendant deux années les techniques d’interprétation et savoir-être propres au métier, gages d’une prestation de grande qualité, de professionnalisme, et ce quelque soit le domaine : social, administratif, judiciaire, professionnel, enseignement, culturel, etc.

Aujourd’hui cinq universités françaises dispensent cette formation :

-Université Vincennes Saint-Denis (Paris 8)

-Université Paris 3 (ESIT)

-Université de Toulouse Le Mirail (CETIM)

-Université Charles de Gaulle (Lille 3)

-Université de Rouen
Combien d’interprètes LSF en France ?

Le chiffre le plus souvent rapporté est d’environ 500 interprètes sur le territoire, lequel augmente régulièrement tous les ans, et qu’il en faudrait 6 fois plus.

Combien de personnes sourdes ?

Se fier à des données chiffrées et trouver des études récentes reste très hasardeux, cependant cela donne un ordre d’idée :


Une estimation mondiale concernant la surdité


D’après l’OMS plus de 5 % de la population mondiale a besoin de services de réadaptation en raison d’une déficience auditive, soit supérieure à 35dB. D’après les estimations, d’ici à 2050, plus de 700 millions de personnes (soit une personne sur dix) en seront atteintes.


Quelques données concernant la France


– 10 millions de personnes ont des problèmes d’audition soit 16 % de la population française.


– 5 millions de personnes environ sont concernées par des formes de déficience auditive avérée. Parmi elles, 88% sont acquises au cours de la vie (personnes âgées et devenues sourdes) contre 12% de naissance.


– Après 50 ans, une personne sur trois a des difficultés auditives, et plus d’une sur deux après 80 ans.


– 150 000 personnes sourdes au moins utiliseraient la Langue des Signes Françaises (site surdi.info).